Battu par Carlos Takam beaucoup plus largement que ne l’indique le pointage des juges, Tony Yoka va devoir se réinventer très vite s’il veut encore jouer un rôle dans la catégorie des poids lourds. Le chantier est immense !

Le public du Zenith de Paris ne demandait pourtant qu’à s’enflammer pour le Champion olympique de Rio. Après un début de combat poussif, les fans espéraient encore qu’une fois dans la bagarre, Yoka oublierait les doutes issus de la défaite face à Martin Bakole et lâcherait ses coups face à un Carlos Takam un peu plus lourd, et lent que d’habitude, mais qui faisait parfaitement ce qui était attendu de lui.

Malheureusement, il n’en a rien été ! Pire, les défauts récurrents du Français sont réapparus : rareté des jabs d’autant plus incompréhensible que la relative petite taille de Takam s’y prêtait, incapacité à répéter les « coups qui passent », telle cette courte droite qui fit mal au Camerounais mais qui n’atteint son but qu’à deux reprises, déficit au corps à corps où malgré ses 113.9 kg, Yoka ne parvient pas à rivaliser avec les grosses caisses de la catégorie. Enfin et surtout, un mental qui semble rongé par les doutes, ce qui est la pire des plaies qu’un boxeur puisse connaitre.

Face à lui, le vétéran, coaché par Joseph Germain a parfaitement joué une partition sans surprise, faite principalement de raccourcissement de la distance et de larges crochets. Avec cette victoire, Carlos Takam renouvelle un crédit international que ses deux dernières défaites avaient bien entamé. Son téléphone va de nouveau sonner pour aller affronter les meilleurs espoirs de la catégorie dans des combats qu’on lui souhaite rémunérateur.

Côté Yoka, les perspectives sont moins évidentes. Désormais à deux échéances de la fin de son contrat avec Canal Plus, il va falloir redresser la barre au plus vite. Contre qui ? Très délicate question qui va probablement provoquer quelques nuits blanches à son promoteur Jérôme Abiteboul.

Pour relancer « La Conquête », il faudra un adversaire ni trop risqué pour ne pas enchainer une troisième défaite, ni trop faible pour ne pas donner au public l’impression d’un retour à la case départ que le calendrier interdit de toute façon.

Mais au-delà de l’identité de son prochain opposant, Tony Yoka va devoir non seulement « travailler encore plus », comme il l’a déclaré à sa descente du ring, mais surtout, travailler mieux et de façon plus adaptée à ses défauts et ses qualités. Le voudra-t-il ?

 

Paul GIBERSZTAJN

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