Terence Crawford sur une autre planète

Ce samedi à Las Vegas, ce qui devait être un sommet entre les deux meilleurs boxeurs du monde a rapidement tourné à la correction. En battant le redoutable invaincu Errol Spence Jr par arrêt de l’arbitre à la 9ème reprise après avoir livré une des plus impressionnantes performances de récente mémoire, Terence Crawford a bel et bien prouvé qu’il était le meilleur boxeur du monde.

Le monde de la boxe attendait cette dernière semaine de juillet avec grande impatience, et il a été servi. Après le sommet des super-coqs entre Stephen Fulton et Naoya Inoue quatre jours plus tôt, les yeux étaient rivés sur la T-Mobile Arena de Las Vegas samedi soir, où la crème des poids welters s’affrontaient. Qui du phénomène Terence Crawford, champion du monde dans 3 catégories de poids différentes et ancien champion indisputé des super-légers, ou d’Errol Spence Jr, terrifiant boxeur qui a écumé la quasi-totalité des welters, allait sortir de ce duel indécis et tant attendu ? Il semblait presque impensable de voir un des deux combattants faire mieux que Naoya Inoue, auteur d’une performance sensationnelle mardi, tant le niveau des deux welters invaincus semblait proche. Et pourtant, on a assisté ce week-end à une des plus grosses performances de la part d’un boxeur dans l’histoire récente.

En effet, l’américain Terence Crawford (40-0, 31 KO) a unifié les ceintures mondiales WBA, WBC, WBO et IBF des poids welters en battant son compatriote Errol Spence Jr (28-1, 22 KO) par arrêt de l’arbitre au 9ème round. Le natif du Nebraska a livré une prestation exceptionnelle, ne laissant aucune chance à son adversaire du soir, qu’il a envoyé 3 fois au tapis avant de forcer l’arbitre à stopper ce combat à sens unique.

Un combat dominé de la tête et des épaules par Crawford

Errol Spence Jr avait plutôt bien géré un premier round d’observation, en étant un peu plus actif et mobile que son adversaire. La différence s’est faite dès la 2ème reprise, où Terence Crawford a profité des assauts de Spence pour le punir en contre grâce à un coup d’œil et une vitesse de bras d’exception. À la fin du round, alors que Spence envoie un gros jab, Crawford le contre d’un sublime enchaînement gauche puis crochet du droit pour l’envoyer au tapis. Spence se relève et est sauvé par le gong, mais Crawford a trouvé la faille, et c’est à partir de ce moment-là que combat va être à sens unique.

Si Errol Spence ne se laisse pas abattre et continue sa tactique, c’est-à-dire mettre la pression à son adversaire et imposer son rythme, « Bud » Crawford continue à être solide en défense et chirurgical en contres, punissant systématiquement le texan. Plus le combat avance et plus Crawford gagne en confiance, il monte en puissance rounds après rounds. Que ce soit à mi-distance où son coup d’œil et ses déplacements débordent Spence ou au corps-à-corps où il envoie des crochets au corps dévastateurs, Crawford est largement au-dessus. À partir du 4ème et du 5ème round, lorsque Spence commence vraiment à marquer le pas physiquement, il ne travaille plus en contres mais initie lui-même les échanges, et son adversaire est débordé.

Le récital continue jusqu’au 7ème round, où Crawford décide d’accélérer et contre un gros bras arrière de Spence d’un magnifique uppercut du droit, puis l’envoie une nouvelle fois au sol d’un crochet du droit. Il reste alors plus d’une minute et demi dans le round, et alors que Spence essayait de récupérer, il se prend un crochet du droit phénoménal en fin de round, et retourne au tapis une troisième fois. Sans se précipiter, Crawford continue son combat jusqu’à la 9ème reprise où il réussit à coincer un Spence lessivé dans les cordes, et force l’arbitre à stopper le combat alors qu’il le bombardait de crochets.

Avec cette prestation, Crawford entre dans les livres d’histoire

Terence Crawford devient ainsi le seul boxeur de l’histoire à devenir champion du monde indisputé avec les 4 ceintures, dans 2 catégories de poids différentes. Un exploit à la hauteur de sa performance de samedi, une leçon de boxe comme on en a rarement vu, et qui confirme un peu plus « Bud » parmi les très grands de ce sport. Malgré tout, Errol Spence Jr ne démérite pas et a livré une prestation plutôt solide et courageuse, mais l’écart de niveau semblait bien trop grand, et pas une seule seconde il n’a pu rivaliser avec son adversaire.

L’ancien champion du monde devrait néanmoins exercer sa clause de revanche, et cette dernière pourrait bien se faire dans la catégorie du dessus, les super-welters. Spence paraissait très fatigué et beaucoup plus maigre qu’à son habitude, ne supportant certainement plus cette limite de poids, et devrait être bien plus à l’aise autour des 69kg. Terence Crawford a lui aussi exprimé son envie de monter de catégorie, et même d’affronter le champion indisputé de la catégorie, Jermell Charlo, avec qui il s’est écharpé ce samedi après sa victoire.

Les mexicains brillent en sous-carte

Si toute l’attention était tournée, à juste titre, vers la performance historique de Crawford, il y’avait bien d’autres combats intéressants ce samedi à la T-Mobile Arena, dont un championnat du monde. Le mexicain Alexandro Santiago (28-3-5, 14 KO) s’est emparé du championnat du monde WBC des poids coqs, laissé vacant par Naoya Inoue, en battant par décision unanime (115-113, 116-112, 116-112) la légende philippine Nonito Donaire (42-8, 28 KO) qui fait toujours partie du gotha de cette catégorie malgré ses 40 ans.

Toujours en sous-carte, chez les poids légers cette fois-ci, le pitbull mexicain Isaac Cruz (25-2-1, 17 KO) a battu par décision partagée (115-112, 113-114, 114-113) l’américain Giovanni Cabrera (21-1, 7 KO) et confirme son statut d’épouvantail d’une catégorie des poids légers extrêmement relevée.

Hugo BRUN

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