Bilel Jkitou « Je pense à un KO au 6ème » !

Frère cadet de Rachid Jkitou (28-0-0, 20 KO), Bilel (15-0, 6 KO) s’est peu à peu fait un prénom, au point d’être aujourd’hui considéré comme l’une des stars du Noble Art Français. Sa notoriété sur les réseaux sociaux lui confère une large popularité qui dépasse le cadre du sport . Véritable showman du ring, ses entrées remarquées et ses nombreux slogans ont fait sa réputation dans le milieu de la boxe. Une popularité parfois critiquée par rapport à une adversité relativement modeste, beaucoup mettent en doute ses véritables ambitions pugilistiques alors que le boxeur ne cesse de progresser. 
Aujourd’hui c’est un véritable coup au Foie qu’il assène aux critiques en affrontant Sam Eggington (30-7-0, 18 KO) sur ses terres au Royaume-Uni, un succès Outre Manche comblerait de bonheur ses nombreux et fervents supporters tout en mettant définitivement KO ses détracteurs. Le défi est de taille avec une montée en poids moyens pour la ceinture WBC Silver. 

En cas de victoire, la carrière de Bilel prendrait un essor considérable, avec probablement une grosse promotion à la clef et une entrée dans la cour des grands de ce sport…

Boxenet: Comment se passe ta préparation ?

Super bien, c’est l’une de mes meilleurs préparations. Je suis resté prêt physiquement depuis le premier confinement, le combat de mars m’a permis de reprendre de l’activité. Je m’attendais à combattre de nouveau en août ou septembre et c’est ce qu’il se passe. J’ai eu un petit mois pour la préparation tactique depuis que j’ai connu le nom de mon adversaire, mais le physique était déjà prêt. 

BN: Comment as tu été contacté pour ce combat ? Tu m’avais fait la confidence d’une possible rencontre avec une grosse promotion au Royaume-Unis avant l’annonce Eggington.

Effectivement il y a quelques mois, j’avais différentes pistes avec plusieurs promotions Anglaise. Puis Henessy m’a contacté pour affronter Eggington pour la ceinture WBC Silver. Ils ne m’ont pas appelé comme un faire valoir car je suis bien classé, j’ai une réputation donc c’est intéressant pour eux même s’ ils me voient  comme l’outsider. Ils pensent que c’est du 70/30% en faveur d’Eggington,  tant mieux finalement !

J’ai appris cette nouvelle quand j’étais en préparation à Marseille, Eric (Tormos) m’a demandé mon avis, j’ai tout de suite tranché. L’opportunité est trop belle, combattre pour la WBC Silver, en Angleterre pour une grosse promotion. C’est le bon moment pour moi de prendre un tel risque.

BN: As-tu analysé Eggington ? Que penses-tu de lui ?

C’est un adversaire dur au mal, très solide. J’ai analysé pratiquement tout ses combats, il prend beaucoup de coups mais il frappe et c’est un rouleau compresseur. Mohamed Mimoune m’a confié que c’était l’adversaire qui lui avait fait le plus mal dans sa carrière. 


BN: Quelle stratégie vas-tu adopter ?

On ne va pas trop dévoiler la stratégie, mais on a analysé tout ses combats pratiquement. Il y a beaucoup de failles dans sa défense, et c’est ce qu’on va exploiter. Tout ce que je peux vous dire c’est que ça va être une belle bagarre. 

BN: Ce sera ton second 12 rounds, mais le premier à l’étranger, crains tu que le combat aille au points ? 

Un petit peu, je me mets une pression en plus pour finir le combat et ne pas avoir à recourir aux bulletins des juges. C’est la loi de la boxe, je suis très lucide là dessus. Je sais que si le combat est serré, Sam sera déclaré vainqueur car nous serons sur ses terres. C’est pour cette raison qu’il ne faut lui laisser aucune chance. Douze rounds c’est long, j’espère le mettre au tapis et faire la différence. 

BN: Effectivement 12 rounds c’est long, te sens-tu capable d’être performant sur cette distance ?

Oui totalement, j’ai fait deux 12 rounds à Marseille en début de préparation en tournant avec différents boxeurs. Puis en rentrant sur Paris j’ai enchainé les séances de sparring, dont un dernier 12 rounds avec Frederic Julan (12-0-0, 10 KO) et devant Kevin Lele Sadjo (16-0-0, 14 KO), deux frappeurs plus lourd que moi. 

BN: Pour te préparer à la force de frappe dont te parlait M. Mimoune…

Exactement ! L’avantage est que le soir du combat tu n’es pas choqué si tu prends des coups. Pour faire bouger des boxeurs plus lourds il faut y aller, mettre plus de force et rester sur le qui vive face à chaque coup. Quand j’ai mis les gants avec Fred et K. Lele Sadjo, au niveau de l’endurance je pouvais faire 16 rounds sans problèmes, mais au 6eme round je me suis dit « Putain il reste encore 6 rounds ! À rester concentré comme ça ! ».

BN: On a été dur avec toi concernant ton adversité jusqu’à présent. Qu’as-tu à répondre aux sceptiques aujourd’hui en vue de ce gros test ?

Tout d’abord je comprends. J’ai eu une pression importante très tôt, due à mon de famille et à ma notoriété sur les réseaux. Dès mon 3ème combat pro je boxe au Cirque d’Hiver pour Malamine Koné. À ce moment je suis en total apprentissage, beaucoup de gens s’attendaient à des choses incroyable venant de moi. Beaucoup oublient que j’ai commencé sérieusement la boxe à 21 ans et que j’ai seulement 6 combats amateurs  pour bagage. Je savais bien que le niveau de mes adversaires allait augmenter mais une carrière ça se construit, et la mienne s’est faite sans promoteur. 

Après ce qui est bien c’est que j’ai laissé passer les critiques, j’ai fait mon propre chemin et ça porte ses fruits. On me propose aujourd’hui d’être en tête d’affiche d’un gros gala en Angleterre pour une belle ceinture, un combat que peu de Français auront l’occasion de disputer. Si je prends la ceinture ce serait incroyable et beaucoup vont finalement me prendre au sérieux. Ma boxe a énormément évolué et beaucoup sont restés bloqués sur mes débuts. J’aime ce paradoxe, ça m’arrange d’être sous estimé, ça me motive en vérité !

BN: C’est le moment de prendre des risques aujourd’hui ? C’est un tournant dans ta carrière ?

Oui. Je suis arrivé à un stade dans ma boxe où j’ai totalement confiance en mes compétences. Avant je me posais beaucoup de questions avant d’accepter un combat, aujourd’hui plus de tout. Il faut rester vigilant et ne pas faire de mauvais choix, mais c’est le moment de prendre des risques. Si je n’en prends pas maintenant autant arrêter la boxe. 
J’ai commencé la boxe pour être champion du monde et je crois à ce rêve comme pas possible ! Il faut être lucide, champion du monde c’est un niveau de folie et je tire mon chapeau aux Français qui ont accomplis cet exploit. Mais il n’y a que moi qui peut me dire « je suis capable de le faire ».

BN: Parles nous un peu de ton staff, et ta relation avec ton coach Eric Tormos.

Eric c’est comme un deuxième père pour moi. On a une relation très fusionnelle, nous n’avons pas besoin de nous parler, nous nous comprenons totalement. On a parfois l’impression qu’Eric joue à la console avec moi quand je suis sur le ring (rire), lorsqu’il me dit quelque chose, je l’exécute comme il le souhaite. Je suis quelqu’un de très sentimental et j’ai besoin de ça pour travailler avec quelqu’un.

Valentino Gargiulo,  mon préparateur physique, est également dans mon coin ,  j’ai commencé à travailler avec lui après mon combat contre Pavel Semyonov. C’était un combat pour la WBC francophone, Pavel c’était un rouleau compresseur. J’ai gagné correctement mais j’ai senti qu’il me fallait franchir un  palier physique. Le travail de Valentino m’a depuis fait énormément progresser. Mon frère Rida gère tout ce qui est contrat, promotion, sponsors et Oussama Sahbani s’occupe de ma communication.

BN: C’est important pour toi la communication ? 

Oui très important et je trouve que c’est normal! J’aurais été chanteur ou danseur j’aurais eu la même démarche, c’est à dire montrer mon mode de vie, montrer ma passion. Je n’ai jamais fait ça pour obtenir X contrats, je l’ai fait en étant moi même et en même temps grâce à cela de belles opportunités s’ouvrent à moi. Je vais devenir égérie France de la marque Champion, j’ai un partenariat avec la marque Everlast pour les gants. Je vois que j’ai été précurseur de quelque chose en France en terme de communication et j’en suis heureux car plus on élargit le public auquel on s’adresse plus il y aura de monde intéressé par le Noble Art, démocratiser notre sport est un de mes objectifs. 


BN: Ton combat face à Eggington pourrait-il déboucher sur une collaboration avec Henessy Promotions ?

J’espère bien ! Nous avons d’excellent contact avec la promotion Hennessy, et ils nous offrent une exposition importante dans le monde du Noble Art en nous permettant de combattre en tête d’affiche. Quoi qu’il arrive de grosses opportunités s’ouvriront après le 10 septembre ! 

BN: As quelle place tu te situes par rapport aux autres Super-Welters Français ?
Premièrement Michel Soro je le mets à part car c’est déjà le niveau mondial. Mais pour le reste je pense qu’on est tous à peu près dans le même lot. J’ai souvent tourné avec Milan et Souleymane, on est 4 ou 5 peut être à avoir le même niveau avec Dylan Charrat également. Sans faire de classement je me mettrais dans le même lot.

BN: Peut-on espérer vous voir vous affronter à l’avenir ?
Au niveau mondial oui ! Ma politique c’est : Allons prendre les titres mondiaux et ensuite affrontons-nous. Comme ça le titre restera en France, et financièrement ce sera intéressant pour les deux côtés. Dans un combat il y a toujours de l’animosité, moi perso j’ai du mal à boxer un gars avec qui je travaille et avec qui j’ai des affinités. Après si il y a 1 million d’euros à se partager (rire) on s’appelle et on fera un beau combat.

Beaucoup pensent que si on faisait d’avantage de combat Franco-Français directement la boxe en France décollerait. Pas du tout, ça plairait aux passionnés de boxe je suis d’accord. Mais les gens qui ne s’intéressent pas à la boxe comment tu les attrape ? Ces gens là tu vas les intéresser uniquement par l’histoire des boxeurs. Je pense que les gens ne vont pas forcément voir un combat, mais ils vont d’abord voir un homme boxer. Quand j’étais jeune et que j’allais voir Hassan N’Dam boxer au cirque d’hiver, je voyais ses entrées fracassantes, je me disais « Mais c’est qui ce mec ?! C’est le meilleur ! ». Aujourd’hui Tony Yoka rassemble un public bien plus large que les passionnés de boxe, car il a une histoire, médaillé d’Or aux JO en même temps que sa femme Estelle. 

Au final mon point de vue c’est que les combats Franco Français vont d’avantage desservir les boxeurs en début de carrière, mais que ce sera beaucoup plus intéressant à la fin avec une ceinture en jeu.

BN: Pourquoi n’as tu jamais fait de championnat de France ? 

Au début c’était le plan. Puis comme j’ai fait le championnat d’Afrique, et que je me suis dirigé dans les classements WBC, je voyais un peu ça comme une marche arrière. Le public n’allait pas comprendre si je suis champion d’Afrique et que je dispute un championnat de France ? déjà qu’on s’y perd en boxe.

Je trouve aussi que le titre a perdu de sa valeur. Quand mon frère a pris la ceinture face à Rebrasse en 2011 c’était incroyable ! J’ai cru que mon frère était champion du monde tellement c’était grandiose.

Et puis j’aime bien prendre un chemin diffèrent des autres. En général en France on prend la ceinture, on défend le titre, après on fait championnat de l’Union Européenne, on défend le titre, après championnat d’Europe alors qu’il y a des chemins plus courts qui peuvent t’amener au même but. Quand tu vois Brian Castano qui en 13 combats dispute son championnat du monde alors qu’il vient d’Argentine. Moi quand je fais le championnat d’Afrique je deviens 38eme mondial en WBC, jamais je n’aurais été classé aussi vite avec un championnat de France.

C’est pour ça que je dit souvent : « A la fin je vous expliquerais » car je sais que malgré les critiques j’arriverai a mon but. Beaucoup oublient que je n’ai que 6 combats amateurs, j’ai fais le challenge du 1er round, les novices… Puis je suis passé pro !

BN: Tu monteras exceptionnellement en poids moyen pour disputer ce combat, à terme où souhaites tu évoluer ?

J’ai commencé en moyen, donc je sais ce que sont les vrais poids moyens en terme de puissance et de gabarit. En Super Welter je me sent très bien, mais je sens que je peux faire le poids en welter et j’y serais même plus puissant et efficace. En tout cas pour une opportunité mondiale je me dirigerais surement chez les welter car en super welter à ce niveau c’est des mastodontes les gars et le soir du combat, ils sont deux catégories au dessus.BN: Si tu passes ce test quel sera la suite ?

Si je suis victorieux vendredi de grandes opportunités vont s’ouvrir. Aujourd’hui c’est encore incertain mais si on prend la ceinture, je compte défendre mon titre !

BN: Un petit mot pour les lecteurs de Boxenet ?

Merci à toutes les personnes qui nous soutiennent, aux fans de boxe! Je les encourage à soutenir tous les boxeurs Français. Nous avons des talents en France qu’il faut faire monter, qu’on s’élève tous ensemble pour se retrouver au plus haut  niveau. Il faut arrêter de penser que les autres pays sont meilleurs que nous, techniquement on a rien à leur envier. 

BN: Et ton pronostic pour le 10 septembre ? 

Franchement, je vois une victoire par KO au 6eme round. Je leur ai dit 7eme ou 8eme round, mais en vérité je pense le finir en 6 reprises !

Photos et Article Vincent Fenech

Cet article a 3 commentaires

  1. Benlahoussine

    Magnifique c’est un bon exemple pour nous en tout cas j’en suis sûr qu’il va gagner. Ce mec il est pas là par hasard. Je lui souhaite que le meilleur et une belle carrière surtout ❤️🙏🏼

  2. Mina boumlij

    Je te souhaite le meilleur tu en veux je te souhaite le meilleur tu es un très bon bixeur et un garçon formidable avec un grand cœur et respectueux inchallah la victoire petit frère je suis fière de toi Bilel 😘😘😘💪🏻💪🏻💪🏻💪🏻

  3. Dalia Amira

    Force à toi petit lion on a confiance en toi Tu es un très bon boxeur avec un grand cœur Tu vas donner le meilleur de toi On te fais confiance Force à toi notre lion que dieu te préserve inchallha 🥊🥊🥊🥊🥊🥊🤲🤲🤲❤❤❤🥊🥊🥊🥊

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