Dans un cadre magnifique, au cours d’une soirée exceptionnelle, Milan Prat n’a mis qu’un round à se débarrasser de Joël Julio là où Bakary Samake a dû s’employer jusqu’au dernier coup de gong pour s’imposer.
En boxe, on connaissait le dispensable « titre Intercontinental », mais l’on a découvert hier l’hôtel du même nom, écrin magnifique à un jet de pierre de l’Opéra de Paris et cadre d’une soirée privée, réservée aux invités des sponsors d’un dîner-gala organisé par l’ex-vedette de boxe thaïe Djamel Yacouben. Au milieu des femmes en robe Charleston, répondant au dress-code « années 1920 », c’est l’ex-champion de France des welters Yahya Tlaouziti qui a démarré les hostilités face au Toulousain Houcine Moulahi. Réputé pour sa solidité et son style de sangsue, ce dernier a donné beaucoup de fil à retordre au Fontenaysien. Au moment de la décision, les deux boxeurs attendaient une issue favorable et si deux juges ont vu Tlaouziti, un match nul eut sans doute mieux reflété la physionomie du combat.
Au cours de l’unique combat féminin de la soirée, Odelia Ben Ephraïm s’est logiquement et joliment imposée devant la Nantaise Romane Geffray. Très crispée, « Tic tic » peinait à rentrer dans le premier round et se faisait souvent sanctionner par le crochet droit de l’élève de Mohamed Bennama. Très courageuses, les deux jeunes femmes s’attiraient de nombreux encouragements mérités et l’on ne devrait pas tarder à voir Ben Ephraïm disputer le titre national.
Suleiman Kartoum, qui déplore – comme de trop nombreux boxeurs français – un manque d’activité est parvenu à se défaire du très solide moldave Ivan Petrov. Typiquement le genre de boxeur étranger bien choisi et susceptible de véritablement faire progresser les combattants tricolores. Kartoum, dont le coup d’œil peut être remarquable, doit désormais enchainer et capitaliser sur ces six rounds très instructifs.
Compatriote du très regretté Alexis Argüello, le Nicaraguayen Pablo Mendoza a donné à Bakari Samake exactement ce dont il a besoin : des rounds pour apprendre son métier. Gros espoir de la boxe tricolore, le boxeur d’Aubervilliers a besoin de mieux connaitre les ficelles afin de faire parler sa puissance. Il a du temps devant lui et le fait de gagner tous les rounds contre un boxeur expérimenté constitue un nouveau pas en avant vers un destin qu’il veut exceptionnel.
En montant sur le ring à minuit passé, Milan Prat risquait de faire manquer le dernier métro à ceux des spectateurs titulaires d’un pass Navigo. Heureusement, le Drancéen a trouvé le foie de Joel Julio dès le premier round, ce qui est rédhibitoire quand on connait la qualité de sa frappe. Tout le monde a donc pu rentrer se coucher, ravi d’avoir passé une excellente soirée. Expérience qui devrait être renouvelée prochainement.
Jacques LAMBERT