Arsen Goulamirian, 2 ans après

Le champion du monde WBA des lourds-légers, Arsen Goulamirian, fait son retour sur les rings ce vendredi, 2 ans après son dernier combat. Opposé à l’invaincu Aleksei Egorov, chez lui en Russie, le puissant français va devoir frapper fort, à la fois pour éviter une potentielle décision maison en faveur du russe, mais également pour rappeler à la catégorie que malgré 2 ans d’absence, il faudra compter sur lui.

L’apparition du Covid-19, en début d’année 2020, a considérablement impacté la planète, notamment au niveau du sport. Les évènements sportifs ont été un temps stoppés, puis organisés difficilement à huis-clos, avant de reprendre à la normale petit à petit depuis cet été. La boxe en France a été particulièrement impactée, ne bénéficiant pas d’infrastructures adaptées (le promoteur anglais Eddie Hearn a organisé des galas dans son jardin), les boxeurs français ne pouvaient pas partir s’entraîner aux Etats-Unis notamment, et il était difficile de faire venir des étrangers en raison des restrictions entre les pays.

Un boxeur qui a énormément souffert de cette situation, c’est notre champion du monde WBA des lourds-légers Arsen Goulamirian. Le français n’a pas défendu son titre depuis fin décembre 2019, à Marseille contre le moldave Constantin Bejenaru, et a été depuis frappé par la malchance. D’abord à cause du début de l’épidémie, lorsqu’il a dû revenir en France alors qu’il s’entrainait aux Etats-Unis, annulant un combat prévu pour mai 2020. Puis à cause d’une blessure aux côtes en fin d’année dernière, son combat contre le russe Yuri Kashinsky qui devait avoir lieu au Cannet le 13 décembre 2020 tombant à l’eau.

C’est le 28 décembre 2019 qu’on a vu Arsen Goulamirian dans un ring pour la dernière fois, lorsqu’il a battu Constantin Bejenaru par jet de l’éponge à l’appel de la 10ème reprise

Enfin, ce sont des soucis de promoteur qui ont perturbé son année 2021. Sebastien Acaries, promoteur d’Arsen jusqu’il y’a quelques mois, ne serait pas allé aux enchères défendre les intérêts de son boxeur, probablement pour le combat contre Egorov. De plus, ce combat était pressenti pendant de nombreux mois pour être organisé en cette fin d’année sur la Côte d’Azur par la famille Acaries, avant d’être annoncé au dernier moment en Russie pour ce vendredi. De nombreuses raisons qui ont poussé Arsen Goulamirian, accompagné de son ami et grand super-welter de niveau mondial Michel Soro, de quitter Univent Boxing et Sebastien Accaries. Les deux boxeurs ont finalement rejoint la néo-structure Y12 Boxing très récemment.

Une préparation sans son entraîneur Abel Sanchez

Outre ces soucis qui ont causé ces deux années d’inactivité, le Franco-Arménien a dû faire face à des problèmes de visa, l’empêchant de partir s’entraîner aux Etats-Unis comme à son habitude. Goulamirian a donc dû se passer de son entraîneur habituel, l’excellent Abel Sanchez, ne pouvant le rejoindre dans ses montagnes de Big Bear Lake. Un réel souci, qui l’a poussé à changer sa préparation, partant s’entraîner un mois au Mexique, puis à Aix-en-Provence, avant de finir de s’entraîner en Espagne. C’est dans le sud du pays, dans les montagnes de la Sierra Nevada – pour retrouver un peu l’atmosphère de Big Bear –, que le champion du monde est parti préparer ce combat, notamment avec des dures séances de sparring. C’est avec l’entraîneur de Dereck Chisora, le reconnu Don Charles, qu’il a pu peaufiner sa préparation, accompagné de plusieurs boxeurs, dont le dernier adversaire d’Egorov, Vasil Ducar.

Champion du monde WBA depuis plus de 2 ans maintenant, Arsen Goulamirian n’a cette fois-ci pas pu se préparer avec son entraîneur Abel Sanchez (à gauche)

Arsen Goulamirian, malgré toutes ces péripéties, arrivera donc très préparé ce vendredi, avec le couteau entre les dents. Déterminé et revanchard, ces longs mois de frustrations vont très probablement lui servir de moteur durant son combat. Mais, même s’il s’est habitué à l’inactivité, ayant passé plus d’un un an sans boxer entre octobre 2018 et novembre 2019, il n’a jamais été éloigné des rings si longtemps. À 34 ans, ces 24 mois d’attente pourront peut-être se ressentir au moment du combat, et ce sera à lui de gérer cela, de remettre cette machine d’1m86 et de 90kg en marche. Point positif, son adversaire n’a plus boxé depuis mars 2020, ce qui est quasiment équivalent, et qui devra lui aussi se réadapter.

Une défense de titre en terre ennemie

C’est donc sur le ring du RCC Boxing Academy, à Ekateringbourg en Russie, qu’Arsen Goulamirian (26-0, 18 KO) défendra sa ceinture WBA des lourds-légers face au russe Aleksei Egorov (11-0, 7 KO). Ce dernier est un bon boxeur de 30 ans, invaincu en pro, et qui possède une belle carrière chez les amateurs, où il a été champion d’Europe notamment. Les deux hommes sont très proches d’un point de vue physique, le champion mesurant 1m86 pour 1m85 pour le challenger, tandis que les deux possèdent une allonge d’1m87. Pour ce combat, Goulamirian a été pesé ce jeudi matin à 89,5kg, pour 90,2kg du côté d’Egorov.

Arsen ‘Feroz’ Goulamirian est un boxeur qui anéanti ses adversaire grâce à sa puissance et son agressivité

C’est très équilibré d’un point de vue physique, mais qu’en est-il au niveau de la boxe ? Aleksei Egorov est un bon boxeur, plutôt « technique et offensif » comme le qualfiie Arsen. Mais face à lui, il aura un champion agressif, dangereux et explosif. Arsen Goulamirian est sans aucun doute un boxeur spectaculaire, qui a battu ses 6 derniers adversaires avant la limite, et qui est très puissant. Grand cogneur, le champion imposera son rythme dès le début, afin de mettre la pression et d’étouffer son adversaire. Parce qu’il sait que, si le combat va au terme des 12 reprises, avoir la faveur des juges à l’extérieur, qui plus est en Russie, est toujours compliqué.

En tout cas, on est de tout cœur avec notre champion du monde, et on espère qu’il gardera sa ceinture mondiale. Pour voir ce qui risque d’être un beau championnat du monde, si on se fie au style des deux boxeurs, rendez-vous vendredi après-midi sur Canal + Sport à partir de 17h45.

Hugo BRUN

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