Haut lieu de la boxe mondiale par la grâce du puissant conseiller royal saoudien Turki Alalshikh, c’est la désormais familière Kingdom Arena de Riadh (Arabie Saoudite) qui avait l’honneur d’héberger la première unification totale chez les lourds de l’ère des quatre ceintures, et tant pis pour l’ambiance. Après moult atermoiements du camp Fury, les deux meilleurs poids lourds de la planète allaient enfin se faire face pour établir le premier champion unifié depuis Lennox Lewis ( le titre WBO étant alors considéré comme secondaire dans cette catégorie), les titres WBA, IBF, WBO étant détenus par Oleksander Usyk (22-0, 14 KO) tandis que la ceinture WBC était la propriété de Tyson Fury (34-1-1, 24 KO)
La première étincelle venait de l’Ukrainien qui passait une puissante gauche à quinze secondes de la fin du premier round. Il touchait à nouveau dès l’entame de la reprise suivante, pas de quoi cependant réellement inquiéter un Fury visiblement bien en jambe et sûr de sa force.
Ce dernier profitait de mieux en mieux de son allonge, notamment avec ce direct du bras arrière bloqué par Usyk mais suvi d’un uppercut du gauche qui lui trouvait la cible au quatrième. Fury poursuivait avec un bon cinquième, contrôlant parfaitement les assauts de l’Ukrainien et distribuant quelques bonnes frappes, notamment au corps. Mais le meilleur était à venir pour le champion WBC avec un sixième round dominateur qui le voyait toucher durement avec des uppercuts ainsi qu’un terrible crochet gauche au corps qui firent mal à au natif de Simferopol, sur le reculoir pendant quelques secondes pour récupérer.
Fury paraissait inexorablement prendre l’ascendant et pour la première fois de sa carrière, Usyk semblait à court de solution.
Au septième, le Britannique continuait de marteler les flans de son adversaire quand l’occasion s’en présentait, et passait à nouveau un bon uppercut qui n’avait pas besoin d’être très appuyé pour secouer l’ancien champion incontesté des lourds-légers. Mais la toute fin de reprise allait redonner des raisons d’espérer à l’Ukrainien avec quelques gauches qui touchaient enfin.
Usyk mettait plus de rythme dès le début du huitième, ce qui lui permettait de réussir comme un symbole un bon direct du bras avant, jusque là bien peu efficace. Par deux fois ensuite l’Ukrainien prenait le meilleur sur Fury dans les échanges, d’abord avec un puissant bras arrière, puis un crochet droit pour s’adjuger sa première reprise sur les six derniers rounds disputés. Désormais bien marqué, le visage de Fury attestait du retour en force du champion olympique.
C’est au cours neuvième qu’Usyk allait marquer le combat de son empreinte et renverser définitivement cette situation mal embarquée. Le bras arrière passait désormais beaucoup plus fréquemment. A trente secondes du terme, une terrible gauche ébranlait le géant. Déchainé, Usyk faisait pleuvoir les coups sur son adversaire KO debout. L’expérimenté arbitre Mark Nelson estimait que les corde retenaient Fury et décidait de stopper l’action pour compter le Britannique, en difficulté comme jamais depuis le début de sa carrière.
Encore extraordinaire de résilience il parvenait à survivre au cours du dixième, perdant la reprise sans trop de dégât.
Beaucoup plus entreprenant, le phénoménal Ukrainien empochait également les onzième et douzième reprise pour sceller sa splendide victoire. Pas la prestation la plus flamboyante de ce génial champion mais sans doute la plus dure et satisfaisante après tant de sacrifices.
Michael Buffer annonçait un 115-112 Usyk suivi d’un 114-113 pour Fury avant de lire la carte de Mike Fitzgerald qui accordait fort heureusement la victoire au bon boxeur sur la plus petite des marges avec un 114-113, grâce au knock-down réussit au neuvième round.
Ce mémorable championnat du monde appelle bien évidemment une revanche d’ailleurs déjà prévue contractuellement. Reste à savoir si le clan Britannique voudra activer cette clause, les déclarations ayant été quelques peu contradictoires au cours des dernières vingt-quatre heures.