Une formalité pour Tamba et Sahli !

L’organisation a pensé à tout pour générer l’intérêt du public ce 13 juillet aux arènes de Fréjus. Le nom d’abord « Le Gladiator Arena Boxing » ! Parce que des boxeurs gladiateurs dans une arène comme celle de Fréjus et bien ça réveille l’imaginaire pugilistique ! Ça claque comme un slogan, ça détonne comme le combat mythique entre Bruce Lee et Chuck Norris dans la fureur du dragon, ça promet une sacrée soirée entre potes. Quoi d’autres les gars ? La présence de très bons boxeurs locaux comme Gustave Tamba et Mekki afin d’assurer des bus de supporters. On n’oublie rien ? Si ! La qualité de l’adversité ! Quand l’emballage a une telle gueule, on est en droit à s’attendre à des combats de dingue ! Une fois le show lancé, les amoureux du noble art que nous sommes furent rattrapés par la réalité de la boxe actuelle. Celle des combats de formalité où l’on s’interroge sur la capacité de résistance de l’adversité, si faible…  

Sans langue de bois, Soufienne Chemakhi, Organisateur du « Gladiator Arena Boxing » livre un constat criant de vérité sur le gala : « On a fait au mieux considérant la cascade de désistements de dernières minutes tant chez les boxeurs amateurs que les professionnels. Les motifs liés aux forfaits ne sont pas sérieux et décrédibilisent le travail effectué de toute une équipe, mais on n’a rien lâché. La satisfaction est d’avoir permis à Gus comme à Mekki d’enregistrer des nouvelles victoires ».

La soirée fut sans surprise, la succession de matchs à sens unique. Retour aux combats.

Celui de Gustave Tamba d’abord face au tchèque Ondrej Budera (28 ans ; 45 combats, 18 victoires, 26 défaites et 1 nul). Dès les premières secondes on constate la forte différence de vitesse dans l’exécution de coups. Tamba, comme à l’accoutumée, place son jab du gauche en toute explosivité qui touche systématiquement le visage déjà bien rougit de son adversaire.

 

La sérénité du français est décuplée face à la boxe statique de Budera. Le combat se durcit toutefois à la seconde reprise qui voit le tchèque tenter des contres appuyés en fin de séries. Dès lors, Budera tente même de prendre le contrôle du combat en avançant sur Tamba. Ce changement tactique l’expose au contre. Ce qui arrive rapidement dans la troisième reprise par un magnifique crochet gauche au foie.

La douleur crispe immédiatement le visage du tchèque qui met sagement un genou à terre. Compté 9, il repart courageusement au combat en tentant de se protéger un maximum le foie. Pas suffisamment pour Tamba qui parvient malicieusement à toucher de nouveau le foie pour le compte. L’arbitre décide judicieusement d’arrêter le combat.

« Je suis plutôt satisfait de ma victoire face à un adversaire plus grand que moi et au profil très différent que celui que je devais initialement affronter. J’ai su m’adapter et appliquer une stratégie différente, donc je suis satisfait. Maintenant, je souhaite défendre au moins une fois mon titre de l’Union Européenne pour prétendre ensuite à la ceinture de l’EBU. Je tiens à remercier l’organisateur, Soufienne Chemakhi, qui malgré tous les problèmes de désistements a su maintenir cette soirée de boxe ».

 

Le second affrontement voyait l’un des nouveaux espoirs des poids lourds, le fréjussien Mekki Sahli (29 ans ; 5 combats, 5 victoires dont 4 par ko) combattre le tchèque Vaclav Trojacek. Le combat fut évidemment expéditif au regard de la différence de niveau entre les deux protagonistes.

Mekki prend immédiatement la maîtrise du combat par une boxe en ligne. Le tchèque tente de faire illusion en se déplaçant par des pas de côtés, mais se fait rapidement sécher par un beau direct du gauche.

Trojacek se relève tout de même, sans grande conviction. Dès lors, Mekki enclenche la marche avant et distribue une série de crochets qui mettent fin au supplice du tchèque.

Vainqueur de Mekki Sahli par ko dès la première reprise : « Le combat fut court, mais je rendais 10 kilos d’écart par rapport au tchèque et chez les poids lourds, 10 kilos ça ne pardonne pas. Ce qui est positif c’est que j’enregistre une victoire face à un gaucher et ça c’est bien. Maintenant, je vais pouvoir me concentrer sur une opportunité en championnat de France que j’espère concrétiser lors de ma prochaine saison professionnelle ».

Dans l’attente, on s’imagine forcément des combats franco français qui nous permettrait de mieux jauger les qualités de Mekki Sahli. Un affrontement contre Nicolas Wamba, Newfel Ouatah ou encore un Mourad Aliev donnerait de la visibilité sur le niveau réel du fréjussien.

 

Enfin, le dernier combat professionnel de la soirée a permis à Moughit El Moutaouakil (32 ans ; 22 combats, 18 victoires dont 10 par ko, 2 défaites et 2 nuls) de renouer avec la victoire contre l’allemand Dustin Ammann.

Le rythme soutenu des deux premières reprises permet à « Guito » d’exprimer son expérience du ring. Chacun y va de ses séries gauche/droite. Toutefois, la fougue de l’allemand s’épuise peu à peu dans la garde parfaitement hermétique de « Guito ».

Percevant cette fatigue de l’allemand, Moughit bloque Ammann dans les cordes pour lui enchaîner une avalanche de coups. Proche de la rupture et en manque de lucidité évidente, l’arbitre préfère arrêter le combat afin d’éviter le coup de trop.

« Je suis avant tout content de renouer avec la victoire pour repartir sur une dynamique positive ! A 32 ans, tout ce qui se passe pour moi n’est que du bonus. La suite ? Je l’espère européenne. J’aimerais avoir l’opportunité de disputer le titre de l’union Européenne pour continuer ma carrière d’une façon progressive, même si encore une fois, tout ce qui m’arrive n’est que bonus ! ».

Disons alors que cette soirée de boxe, malgré la succession de forfaits, fut un gala de transition qui permettra d’aborder la saison 2022/2023 avec des oppositions sportives plus risquées, plus en adéquation avec le niveau pugilistique de Tamba et Sahli. Car la beauté des arènes de Fréjus appelle forcément le challenge sportif, la vraie prise de risque. Promis, ça sera pour la prochaine fois.

 

Photos : Sylvain Pellegrino

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