FERDY ZONGO, ESPOIR FRANÇAIS

« Chaque année en France, des milliers de femmes et hommes suent sang et eau dans l’ombre des salles de boxe. Certains veulent apprendre à combattre, d’autres viennent se défouler ou se lancer des défis… une petite poignée seulement est destinée à briller jusqu’aux plus hauts sommets du Noble Art. Une technique innée, une gestuelle ou le punch qui fait la différence et saute aux yeux. Leur talent se démarque et se remarque au fils des compétitions amateurs, ils sont nos champions de demain, nous leur donnons ici la parole. »

FERDY ZONGO

La boxe est un sport solitaire. Une phrase qui pourrait résumer le parcours fait de hauts et de bas de Ferdy Zongo.

Commencé à l’âge de 13 ans, Ferdy impressionne et se démarque dès sa première année de pratique du Noble Art. Ce jeune Pierrelaysien (95) sillonne les clubs du département au fil de son parcours sans jamais oublier sa ville natale. Entre Pierrelaye et Sannois sous l’aile de Christophe Larcheron, puis un stop à Argenteuil en compagnie de Tony Salvatore, où il y remportera la ceinture Montana dès sa première participation, un triomphe. Malgré ses succès, un manque d’engagement de ses collaborateurs et des entraînements trop axés sur le loisir , le poussent à continuer seul. Lui qui vise haut et envisage un passage chez les professionnels , souffre aussi d’un manque de soutien pour faire décoller sa carrière… Sa rencontre avec Mouss Ouicher, le célèbre entraîneur d’Hassan N’dam va tout changer.

 

Entre Pantin et Pierrelaye, Ferdy qui compte plus de 50 combats amateurs, prépare sans relâche son premier rendez-vous chez les pros. Lui qui devait faire ce premier test en mars, a vu annuler ses plans plombés par un confinement surprise à la même date. Peu importe la déception, il faudra transformer cette frustration et cette impatience en force le jour J. Ferdy Zongo peut enfin voir la lumière au bout du chemin de croix qu’aura été son début professionnel…

BN: Comment as- tu atterri dans la boxe Anglaise ? 

J’ai commencé cette discipline à l’ âge de 13 ans par hasard. Je faisais  du foot, et je voulais essayer car j’avais des potes qui la pratiquaient ici à Pierrelaye. Au début c’était uniquement histoire de donner 2, 3 patates puis j’y ai pris goût . J’ai vu que l’entraineur était vraiment derrière moi, j’ai passé les gants Rouge très vite, au bout d’un ou deux mois. Six mois après , on m’a envoyé faire les championnats, j’avais de bons résultats,  ça m’a motivé à continuer, sans me dire pour autant que j ‘allais  vraiment réussir quelque chose dans ce sport. C’était vraiment un loisir au début, sans conviction, et au final , voila, et des années après je me retrouve professionnel.

BN: Peux-tu nous décrire ton style et de qui est ce que tu t’inspires ?

Je suis un Caméléon ! J’essaie de m’adapter à chaque style d’adversaire, je peux être aérien, me déplacer sur les jambes, me poser et aller à la bagarre quand il faut aller à la bagarre. Mon style c’est que je n’ai pas de style défini. J’essaie de vraiment varier . On va te dire « Ferdy boxe de cette façon,  tu verras » et arrivé au combat j’ai carrément une autre façon de boxer, c’est une facette que j’aime bien. Concernant mes inspirations j’essaie de tirer un maximum de points  positifs de chaque grand boxeur. Je regarde des mecs comme Usyk, Lomachenko, Canelo, la défense de Mayweather… J’essaie vraiment de prendre le plus de chacun, peu importe leur style.

BN: Quelles sont tes réussites en amateur et pourquoi passer pro maintenant ?

Dès ma première année j’ai fait les championnats d’Ile de France, Inter-Régionaux et ceux de France. J’avais 13 ans, nous n ‘ étions pas beaucoup dans ma catégorie, on devait être 4 ou 5 tout au plus. Et chaque année c’était les mêmes compétitions, et on retrouvait les mêmes têtes puis parfois quelques nouveaux concurrents. J’ai fait un très grand nombre de fois ceux d’Ile de France, les championnats de France je n’ai jamais réussi à mettre la main dessus car j’étais très irrégulier personnellement. Il y avait des périodes ou je n ‘ étais  plus trop dedans, j’arrêtais la boxe, je revenais, j’arrêtais de nouveaux etc… Puis à ma majorité je me suis mis un petit coup de fouet, je me suis dit , soit j’arrête complètement soit je reprend sérieusement. J’ai choisi la seconde option, j’ai gagné les championnats d’ile de France, les Ceintures Montana. On a fait des déplacement en Italie où j’ai fait match nul , suspicieux en final d’un tournoi international à Milan. On allait mettre les gants à l’INSEP , je me débrouillais bien, j’aimais bien ce que ça donne. Alors je me suis dit pourquoi pas passer  professionnel, j’ai 26 ans. Et puis comme on retrouve toujours les même concurrents durant les compétitions… Hormis si tu es en équipe de France, pour faire les compétitions internationales  ou préparer les JO , ou bien en amateur tu as vite fait le tour.

BN: Les Ceintures Montana c’est un beau souvenir ?

Oui et à ma première participation en plus. Il y avait de gros noms comme Ziad El Mohor, des boxeurs des équipes Olympiques, beaucoup de pays représentés… Une très belle vitrine, donc oui grande victoire et grosse étape de franchie.

BN: Tu n’as jamais souhaité intégrer l’INSEP ? Et les JO qui sont maintenant accessibles aux pro ? 

L’opportunité  ne s’est jamais vraiment présentée  pour intégrer l’INSEP. Tant pis, on a pris d’autres chemins. Concernant les Jeux Olympiques, ça ne m’intéresse plus, je suis vraiment passé à autre chose. Je me consacre à ma carrière professionnelle.

BN: Qu’est ce que tu vises en pro ?

Comme le dit la citation : « On vise la lune pour au pire atterrir dans les étoiles »! Je prendrai les combats et les adversaires comme ils viendront mais honnêtement je ne me donne pas de limite. Je ne me dis pas que je suis un petit Français et qui ne peut pas prétendre à grand chose, Non !  Pas de frein, je vise le plus loin possible.

BN: Tu ne t’es jamais dit « Je vais allez faire carrière aux États Unis, je vais davantage  réussir là-bas », un peu à la façon du Français Juan Frederic (12-0-0)?

J’en rêve, j’en rêve. Je connais Frédéric , je suis parti à New York et je l’ai rencontré, j’ai eu la chance de tourner  avec et sa carrière me fait rêver. Je me le suis déjà dit et encore aujourd’hui j’y pense quand je galère. Mais ça reste dans ma tête car je n’ ai pas envie de faire les choses précipitamment et me retrouver le bec dans l’eau pour revenir en France et perdre encore plus de temps. J’ai envie de bien commencer ici puis partir avec un bon bagage , quelques combats, un championnat de France, puis après si j’ai l’opportunité sans aucune hésitation, j’y vais!

BN: Le coronavirus ne t’a pas trop découragé ?

Honnêtement c’est vraiment compliqué. On est tous dans le même bateau, ça retarde tout le monde, mais c’est sûr qu’il y a mieux comme début professionnel !  Le plus dur c’est de garder la motivation pendant les entrainements sans avoir une échéance concrète. Mais je pense que c’est un mal pour un bien car ça me donne envie d’en découdre, ça me donne faim. J’ai vraiment hâte.

BN: Que t’inspire la réussite de boxeurs comme Arsen Goulamirian ou Nordine Oubaali au niveau mondial  ?

Ça fait plaisir car ils sont en train de nous paver le chemin, mettre la France sur la carte de la boxe. Il y a une génération qui arrive derrière, il y a plein de jeunes talents qui ont le niveau pour aller le plus loin possible. Même si la situation actuelle est compliquée et qu’en France la boxe n’est pas le sport national, j’ai espoir !

BN: Que fais tu en dehors de la boxe pour vivre ? Et pour combien de temps encore ? 

Je suis Assistant d’éducation dans un collège. C’est un bon job car ça me permet d’avoir de bons  horaires pour m’entrainer. J’ai les vacances scolaires, et j’ai un salaire à coté pour vivre. Au début c’est compliqué de vivre uniquement de la boxe mais j’espère que tôt ou tard tous  mes efforts vont finir par payer. Je n’ai pas fait tant de sacrifices pour rien !

BN: Tu es aujourd’hui entrainé par le célèbre Mouss Ouicher. Est-ce un vecteur de motivation que d’être sous l’aile d’un entraineur de cette renommée ? 

C’est flatteur et ça rebooste . J’étais dans une phase assez compliquée,  où je m’entrainais un peu tout seul, et le fait qu’il s’attache à moi qu’il me prenne un peu sous son aile , ça m’a vraiment re-motivé. C’est un entrainement de qualité, des sparring-partner de haut niveau. Ce n’est pas juste le titre « boxeur professionnel », c’est vraiment un monde et un entourage professionnel qui m’entoure.

BN: Comment se passe ta préparation et la transition amateur-pro ?

La je m’entraine tous les jours à Pierrelaye et à Pantin avec Mouss. Comme je n’ai pas de combat signé , on en profite pour travailler les petits détails. La perte de poids, les réglages professionnels. Une fois qu’on aura un combat de signé , on axera l’entrainement de façon plus stratégique. Notamment sur les choix des sparring, la stratégie de combat etc…

La transition est réelle car il y a du changement comme la taille des gants, le nombre de rounds. L’ambiance également n’est pas du tout pareille . Moi qui ai l’habitude de ne faire que des compétitions quasiment ! Il n’y a pas autant de monde, ça s’enchaine très vite. Là c’est un autre monde,  notamment dans la façon de s’entrainer. Je travaille beaucoup de façon à imposer ma boxe, m’ancrer   d’avantage au sol et commencer à mettre des coups beaucoup plus précis, plus puissants, plus professionels tout simplement ! J’ai vraiment hâte de voir ce que ça va donner!

BN: Aujourd’hui à quel niveau te situes- tu par rapport aux pro de ta catégorie ?

J’ai beaucoup tourné avec des pros bien classés  en France et à l’International. Je me dis que, sans aucune prétention, aujourd’hui je peux aller embêter les grosses têtes en haut du classement Français. Mais je veux faire les choses bien, étape par étape sans me précipiter.

BN: À quoi faut il  s’attendre dans un proche avenir quand on entendra le nom ZONGO ?

J’espère qu’il va faire peur ! Je me considère vraiment comme un Outsider qui veut aller chercher de gros noms. Et j’espère qu’ils vont bientôt se dire « Ah non putain, pas lui ! » (rire) Donc souhaitez moi bonne chance, et surtout retenez mon nom !

Photos / Article Vincent Fenech

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