Battu clairement par Ryad Mehry malgré une décision partagée des juges, Tony Yoka a gaspillé l’intégralité du crédit que l’or olympique lui avait conféré. Il est aujourd’hui à la croisée des chemins.
Sur le ring de Roland Garros, Tony Yoka a grillé son troisième joker. Une hérésie quand on sait qu’un jeu de cartes n’en compte que deux et que la boxe moderne tolère de moins en moins les accros aux palmarès, du moins jusqu’aux échéances mondiales.Et d’échéances mondiales, il n’en est plus du tout question ce matin, tant les manques constatés Porte d’Auteuil sont criants. Battu mentalement, physiquement, et en boxe pure par un adversaire qui n’avait jamais fait mieux que figurer dans le deuxième choix des combattants de la catégorie des lourds-Légers (90,700 kg), Yoka semble même en dessous du niveau qu’il avait atteint contre Johann Duhaupas ou Cyril Leonet.
Après sa défaite face à Martin Bakole, le Français était sorti de la liste des poids Lourds dont l’ascension aurait pu menacer l’ordre établi. Deux revers plus tard, il semble plus bas que jamais. Face à Mehry, il n’a jamais su profiter de son énorme avantage d’allonge, il n’a jamais su s’imposer en patron du ring, il a parfois été touché de plein fouet, ce qui eut été rédhibitoire face à un poids lourd naturel.S’il décide de poursuivre sa carrière (il lui reste contractuellement un combat à effectuer pour Canal Plus), Tony Yoka doit tout changer dans sa boxe. Il doit adapter son style à son manque de puissance dans les coups comme dans son physique. Le chantier est immense et le choix de l’entraîneur qui devra s’y coller est crucial.
Le médaillé d’or de Rio (2016) en a-t-il envie ? Canal Plus (ou un autre diffuseur) sera-t-il prêt à poursuivre l’aventure ? Autant de questions qui – au-delà de l’intéressé – concerne l’ensemble de la boxe professionnelle française qui pourrait subir le contrecoup d’un éventuel désamour dont elle n’est pas responsable.
Paul GIBERSZTAJN (photos Pierre GIROD)