Ses larmes avaient ému la France du sport. Après une défaite bien injuste en demi-finale aux Jeux Olympiques, le boxeur Alexis Vastine aurait pu sombrer. Au contraire, il a plutôt bien digéré son immense déception. « ******, on est aux Jeux. Ça me dégoûte de la boxe. » Vendredi 22 août. Demi-finale du tournoi olympique en moins de 64 kg. Le verdict vient de tomber : Alexis Vastine est battu 12-10 par le Dominicain Felix Diaz. Le Normand fond en larmes et crie au scandale. « Je me suis fait voler, et bien voler ».
« J’ai pensé à arrêter la boxe »
Difficile de le contredire. Quelques minutes plus tôt, et malgré une première sanction déjà douteuse, le Français était encore dans le coup à l’entame du dernier round. Mais à 19 secondes de la fin du combat, et alors que le score est de 10 à 10, l’arbitre lui inflige deux nouveaux points de pénalité pour avoir prétendument tenu son adversaire. C’est le coup de grâce pour le Tricolore, dont le désarroi fait peine à voir. Quatre mois ont passé. « J’ai tourné la page », assure Alexis Vastine (22 ans), chez qui on sent tout de même une certaine rancœur persister. « Sur le coup, j’ai surtout pensé que je n’irais pas en finale. En descendant du ring, je me suis allongé par terre une ou deux minutes.
Militaire, le boxeur Alexis Vastine est aussi une fine gâchette.
Mes entraîneurs essayaient de me raisonner. Et moi, je me disais : " Ce n’est pas possible que ça arrive aux JO, surtout en demi-finale ". Ce n’était pas la première fois que je me faisais voler. Alors à ce moment-là, oui, j’ai pensé à arrêter la boxe. » Et pensé aussi à sauter au cou de l’arbitre pour se faire justice ? « Non, non. Par contre après, dans les vestiaires, je tapais partout. » Un autre qui aurait bien tapé partout, c’est Adriani (24 ans), son frère, boxeur lui aussi. Car chez les Vastine, on pratique le noble art de père en fils et de père en fille. Outre les deux frangins, la grande sœur, Cindy (27 ans), a enfilé les gants durant plusieurs années. La petite dernière, Célie (15 ans), s’y est mise elle aussi sous le regard d’Alain, le père, ancien double finaliste des championnats de France.
« Etre reconnu en tant que grand champion »
« J’ai regardé le match chez ma copine. J’ai failli casser la télé », raconte Adriani, qui est l’espoir de son frère aux Etoiles du Sport à La Plagne. Un espoir très fier de son parrain : « Il a été très performant en 2008. » Depuis sa médaille de bronze aux JO, le Normand a en effet terminé troisième de la Coupe du monde le week-end dernier. Et puis surtout, le première classe Alexis Vastine, du 121 e régiment du train de Montlhéry (Essonne, 91), a remporté le 29 novembre le titre de champion du monde militaires. De quoi motiver encore un peu plus ce fan d’Oscar de la Hoya et de Sugar Ray Leonard. « Je ne cherche pas forcément à devenir pro », assure le jeune homme. « Ce que j’aimerais surtout, c’est être reconnu en tant que grand champion. »
Ronan Tanguy
Alexis Vastine en bref
22 ans. Né le 17 novembre 1986 à Pont-Audemer, près de Deauville, dans l’Eure (27). 1,78 m, 64 kg. Boxeur amateur. Palmarès. 2008 : médaillé de bronze aux Jeux Olympiques, champion du monde militaires en Azerbaïdjan en novembre, troisième de la Coupe du monde en décembre à Moscou. 2007 : champion de France des poids welters et quart de finaliste aux championnats du monde. 2006 : champion de France en super-légers. 2005 et 2004 : champion de France juniors.
SOURCE / http://www.letelegramme.com