
Un technicien complet, puriste avec un très bon jeu de jambes, boxeur d'1m85 qui dégageait beaucoup d'élégance sur le ring, avec un style aérien.
Ce boxeur gaucher styliste n'était pas très académique car il aimait boxer souvent avec une garde basse en faisant confiance à son coup d'oeil et en s'appuyant sur un excellent timing et de très bon désaxages de buste ou une très bonne maîtrise de la distance. C'était un boxeur aérien très mobile pour un moyen dont certaines facettes pouvaient faire penser à un semblant de Muhammad Ali version gaucher.
Dans la carrière de Michael Nunn il y a bien sûr un avant et un après James Toney.
Lors de son prime Nunn a grimpé les échelons très proprement, encadré par les frères Goosen de Davenport sa ville natale. Lors de ses entraînements il variait énormément les circuits (sac, corde, ballon-élastique, footings) au milieu de la nature et on le voit également avoir de très bons réflexes au ping-pong.
Naturellement poids moyen, de ses combats à son apogée on peut citer celui face à Frank Tate pour le titre où il a largement dominé son adversaire par des déplacements toujours ajustés et un jab toujours gênants. Nunn a gagné par KO mais dans ce combat c'est surtout son jeu d'esquives et sa mobilité qui restent marquantes, couplé à une excellente maîtrise de la distance et une très bonne imprévisibilité (faite de changements de rythme incisifs et redoutables pour son adversaire), on sent dans ce combat un Nunn au sommet de son art, en grande fraîcheur physique et dans une explosivité terrible.
Lors des défenses de titre ensuite on retient les combats face à Iran Barkley, Marlon Starling et Donald Curry et également le KO de l'année face à Sumbu Kalambay (congolais-italien) au premier round sur un désaxage d'un timing parfait suivi d'un détonant direct du gauche que l'on pourrait qualifier de nucléaire.
Un parcours rigoureux jusqu'à ce qu'il change d'entraîneur ; on peut voir lors du combat contre James Toney où il perd le titre par KO qu'il n'a plus cette mobilité cette rage des combats antérieurs (déclin du titre et moins faim?) et qu'après le KO de Toney il ne sera plus le même boxeur spectaculaire dans les catégories de poids plus élevées (super moyens et mi-lourds) même s'il gardera de très bons réflexes, de très bonnes compétences de boxe et un palmarès honorable.
N'oublions pas son arrestation en 2002 juste à la fin de sa carrière pour possession de drogue et sa peine de prison purgée jusqu'en février 2019 qui ont certainement eu un impact sur sa carrière.
Carrière qui aurait sûrement pu être beaucoup plus glorifiée mais la boxe s'écrit avec des imperfections et des trajectoires parfois en demi-teintes, qui montrent que le talent seul ne suffit souvent pas et que la rigueur, la discipline et le sérieux sont des qualités souvent indispensables dans ce milieu...