De passage dans nos locaux, Jean-Marc Mormeck est revenu sur sa victoire et son titre mondial acquis samedi à Levallois face à O'Neil Bell. Pour le Guadeloupéen, il n'est pas question d'un nouvel affrontement contre le Jamaïquain. «Je n'en ai pas envie», a simplement déclaré Mormeck qui ne prend pas spécialement très au sérieux un duel face à Fabrice Tiozzo. Pour le Français, l'objectif n°1 demeure la conquête de la ceinture IBF.
«Pour moi, Bell c'est du passé»
«Si vous ne deviez retenir qu'une seule image de ce combat contre Bell, ce serait laquelle ?
Quand j'attends avec impatience la décision finale. J'aime bien cette phrase : 'Le nouveau champion du monde s'appelle...". Pendant quatorze mois, j'ai eu droit à "l'ancien champion du monde" et ca m'a beaucoup affecté.
Vous étiez sûr de la décision au bout des douze rounds ?
Vu l'état dans lequel je me trouvais, je savais au fond de moi que je n'avais pas fait tout ça pour rien. J'étais confiant et déterminé. Et puis, il y avait quelqu'un dans mon camp qui me disait que j'avais de l'avance.
Ce combat a t-il été l'un des plus difficiles de votre carrière ?
Pas le plus difficile physiquement mais psychologiquement oui. C''était un rendez-vous à ne pas manquer. Ce combat a été intense et à l'arrivée, il a été concluant. Si j'avais perdu, ma déception aurait été immense et la retraite proche.
Vous avez été partagé entre la joie de la victoire et les imperfections inhérentes à votre match ?
Je n'ai pas revu mon combat et je n'ai donc pas suffisamment de recul. Il est encore imprégné en moi. Je le ressens avec toutes ces douleurs aux bras et à la nuque. Au bout du compte, je ne pense pas que je vais revenir dessus. J'ai gagné. Point final.
Quels sont les domaines dans lesquels vous pouvez encore vous améliorer ?
La condition physique. Il n'y en a jamais assez. Je pensais que j'étais au point. En fin de compte, j'ai fini épuisé. Sur ce match, j'ai débité plus de coups, plus d'enchaînements, la pression était plus forte sur lui.
Est-ce que le match s'est déroulé comme vous l'aviez imaginé ?
Je n'ai rien imaginé. J'étais déterminé et confiant à la fois. Je ne pensais pourtant qu'à la victoire, peu importe la manière dont j'allais y parvenir. Je n'avais pas le droit à l'erreur. La détermination allait m'offrir la victoire. Il fallait que j'y aille et c'est ce que j'ai fait.
Bell et vous, ce n'est pas spécialement le grand amour ?
Je pense que je suis respectueux. Lui, c'est l'inverse. Je ne suis pas quelqu'un de démonstratif. La dernière fois, il a dansé, il s'est moqué de moi. Après ma victoire, j'ai soulevé le trophée et je suis parti. Voilà, c'est tout. Les juges l'ont déclaré perdant. Il n'y avait pas à revenir dessus.
Un nouveau combat contre Bell est-il envisageable ?
A vrai dire, je n'en ai pas envie. Maintenant, s'il faut y aller, j'irais mais ce n'est pas un souhait de ma part.
«Je n'ai jamais pensé à la défaite»
Au yeux du public, sentez-vous avoir pris une nouvelle dimension ?
Lorsqu'on voit un Palais des Sports tout acquis à sa cause, c'est génial. Sur ce match-là, le public m'a vraiment aidé, surtout lorsque j'étais en difficulté. Les gens ressentent mes émotions au fil du combat. A chaque fois que je frappais, on les entendait crier et cela m'a porté.
Est-ce qu'à un moment, vous avez eu la crainte que la défaite de janvier 2006 se reproduise face à Bell ?
Non. Il ne fallait pas y penser et la zapper absolument. L'avoir à l'esprit aurait été une preuve de faiblesse. J'ai eu quatorze mois pour effacer ce revers de ma mémoire. J'ai réussi à le faire grâce à mon mental qui, à l'arrivée, a fait la différence.
Fabrice Tiozzo s'est déclaré prêt à vous rencontrer...
Il est gentil quand il annonce qu'il est prêt. Moi, j'ai fait un super boulot pendant des années. Lui, il met un terme à sa carrière et puis maintenant, il veut m'affronter. C'est incohérent. Je ne refuse personne mais j'ai horreur de la médiocrité. Il ne va pas rester chez lui et puis, soudainement annoncer qu'il veut me rencontrer. C'est quand même un peu n'importe quoi.
La suite, c'est l'unification de la ceinture IBF ou la rencontre avec l'un de vos challengers WBA-WBC ?
Toute mon histoire et tout ce qui m'est arrivé au cours des cinq dernières années, c'est parce que je ne pense qu'à la réunification et que je souhaite ressembler aux grands boxeurs dont j'ai rêvé tout au long de ma carrière. Une chose est sûre, je veux faire un autre combat dans les cinq ou six prochains mois, peut-être à Bercy, afin de décrocher la ceinture IBF. Peu importe l'adversaire. Que ce soit le Polonais Krystof Wlodarczyk ou l'Américain Steve Cunningham, nous avons le même promoteur. On devrait pouvoir s'arranger.»